Traduire ses patrons, ou l’art de faire voyager ses mailles

Quand on commence à créer ses propres modèles, on imagine rarement à quel point les mots que l’on écrit peuvent voyager.

Et pourtant, un jour, ils franchissent les frontières. C’est souvent à ce moment-là qu’une nouvelle aventure commence : celle de la *traduction de ses patrons en anglais*.

Un langage universel de mailles !

Traduire un patron, ce n’est pas seulement passer d’une langue à une autre. C’est réapprendre à parler le langage du tricot sous une autre forme.

Là où le français aime les phrases pleines de nuances et de douceur, l’anglais, lui, préfère l’efficacité et la clarté : *_k2tog, yo, sl1, psso…_*

Un véritable code musical, que toutes les tricoteuses anglophones connaissent par cœur.

Apprendre à écrire dans ce langage, c’est découvrir une autre manière de penser la création. C’est comprendre que jeté devient yarn over, que maille endroit se traduit par knit stitch, que chaque abréviation raconte une logique différente, un rythme, presque une respiration.

Mon tout premier patron traduit !

Je me souviens encore du tout premier modèle que j’ai osé traduire : le pull *Hekla*. Un volcan islandais qui, symboliquement, représentait bien le défi qui m’attendait ! Cette première expérience a été longue, exigeante et parfois déroutante.

J’ai appris à vérifier chaque correspondance, à adapter les phrases, à reformater les explications.

Heureusement, j’ai eu la chance d’être accompagnée par *Christine (Triscote)*, dont la bienveillance et l’expérience m’ont aidée à franchir ce cap. Grâce à elle, j’ai compris que traduire, ce n’était pas juste convertir des mots — c’était *faire passer une intention*, un ton, une émotion.

Un travail minutieux, entre précision et poésie !

Aujourd’hui encore, je traduis moi-même mes patrons. C’est un processus lent, parfois fastidieux, mais profondément gratifiant. Car chaque langue a sa manière de présenter les instructions :

– En français, on aime les phrases détaillées et les explications complètes.

– En anglais, on privilégie la concision, les abréviations, les phrases rythmées.

Il faut donc *adapter la structure* du patron : vérifier les tailles, les unités de mesure (centimètres vs inches), les diagrammes, les termes techniques. Il m’arrive souvent de *réécrire entièrement la mise en page* pour qu’elle corresponde aux habitudes anglophones, tout en conservant la douceur de mon univers.

Chaque traduction devient ainsi un petit chantier d’équilibre : trouver le mot juste, préserver la poésie tout en respectant la rigueur technique.

Faire voyager ses mailles !

Et puis il y a cette récompense si précieuse : voir un de mes modèles tricoté à l’autre bout du monde. Un châle Bouquet de fleurs séchées en Australie, des chaussettes Éclats de Framboises au Danemark, un pull Eclat d’Amour au Canada, un gilet en Islande…

À chaque fois, je ressens la même émotion : celle d’avoir créé un *lien invisible* entre deux personnes qui ne parlent pas la même langue, mais qui partagent la même passion.

Traduire, c’est tisser un pont. C’est offrir à d’autres tricoteuses la possibilité de ressentir la même émotion que moi, la même joie dans le fil, la même sérénité dans le geste. C’est une invitation au voyage, un dialogue silencieux entre les mailles.

Mes petits conseils pour se lancer dans la traduction de patrons !

Pour celles et ceux qui aimeraient se lancer à leur tour, voici quelques pistes issues de mon expérience :

1. *Créer un lexique personnel* Notez vos traductions récurrentes (abréviations, termes techniques, phrases types). Cela devient vite un outil précieux.

2. *S’appuyer sur des ressources fiables* Les sites comme Knittingfool, TechKnitter ou Knitty proposent des glossaires tricot FR/EN très complets.

3. *Faire relire ses premières traductions* Une relecture par une tricoteuse anglophone ou une traductrice spécialisée aide énormément à affiner le ton et la clarté.

4. *Adapter, plutôt que traduire mot à mot* Un patron anglais se lit différemment : il faut parfois reformuler pour que tout soit fluide et naturel.

5. *Prendre son temps* Traduire demande patience et rigueur. Mieux vaut avancer pas à pas, un modèle après l’autre, que tout faire d’un coup.

Et au fond…

Traduire, ce n’est pas simplement rendre un modèle accessible à d’autres. C’est un *acte de partage*. C’est faire voyager un peu de soi, un peu de sa créativité, un peu de sa tendresse à travers le monde. Et savoir qu’à Tokyo, New York ou Copenhague, quelqu’un tricote mes mailles en anglais me remplit toujours d’une immense gratitude.

Parce qu’au-delà des mots, *nos mailles parlent toutes le même langage* : celui du cœur et du fil.

Merci d’avoir lu jusqu’ici. Si vous avez envie de partager votre expérience, vos mots ou vos mailles, les commentaires sont ouverts avec douceur et bienveillance.

Je vous souhaite de douces mailles et à bientôt !

Laetitia

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